L’objet « smartphone » comme outil de toxico-épidémiologie : preuve de concept en milieu festif - 24/11/24
Résumé |
Introduction |
Les smartphones sont des objets du quotidien sur lesquels s’accumulent les traces papillaires latentes (TPL), des dépôts de sueur laissés par les empreintes digitales. L’objectif de ce travail était d’évaluer les performances diagnostiques des smartphones comme nouvelle matrice pour la recherche de substances psychoactives en milieu festif, donc d’illustrer leur intérêt en termes de veille sanitaire et de réduction des risques (RDR).
Matériel et méthodes |
Cette étude a été menée lors de 2 événements musicaux distincts (une soirée techno et une soirée trance psychédélique) dans une salle de musique électronique grenobloise. Des usagers de stupéfiants majeurs et volontaires ont indiqué leurs consommations à l’aide d’un questionnaire anonyme. Le recueil des TPL avait lieu avec un écouvillon sec sur toutes les faces de leur smartphone. L’extrait était analysé par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem.
Résultats |
Au total, 61 écouvillons ont été collectés au cours de chaque soirée. Les 3 principales substances identifiées quel que soit l’événement musical étaient la MDMA, la cocaïne et le THC. La MDMA était la substance la plus détectée lors de la soirée techno, alors qu’il s’agissait de la cocaïne lors de la soirée trance. Sur l’ensemble des 2 soirées, 13 smartphones montraient la présence de nouveaux produits de synthèse (NPS) : MMC, CMC, 2F-DCK, DCK, 2-CB, 5-MAPB, ou méthylone, parfois à l’insu des usagers. En effet, aucun participant n’avait déclarée l’utilisation de dérivés synthétiques de la kétamine (2F-DCK et DCK). De même, plusieurs usagers pensaient avoir acheté et consommé de la MDMA, alors qu’il s’agissait de NPS entactogènes. Onze fois sur 13, les NPS étaient retrouvés en soirée techno. Alors que la plupart des participants (57 %) n’avait consommé qu’une seule substance lors de la soirée techno, la polyconsommation était majoritaire en soirée trance (61 %). Comme attendu, la détection de substances hallucinogènes ou dissociatives (kétamine, LSD, DMT ou mescaline) était plus fréquente en soirée trance psychédélique. D’autres substances ont été identifiées comme le lévamisole, la phénacétine ou la lidocaïne (utilisés comme adultérants de la cocaïne), l’amphétamine et la méthamphétamine, le CBD ou l’héroïne. Parmi les situations à risque rencontrées figurent la polyconsommation notamment en soirée trance, l’association cocaïne et kétamine (appelée « Calvin Klein »), mais aussi l’association de plusieurs sérotoninergiques (MDMA, LSD et antidépresseurs).
Conclusion |
Cette étude constitue une preuve de concept en faveur de l’analyse des smartphones comme outil complémentaire de veille sur les habitudes de consommation, mais aussi de prévention, en adaptant les approches de RDR aux situations à risque identifiées. La méthode est bien acceptée par les usagers, l’échantillonnage non invasif, peu coûteux, rapide, et les performances correctes même si des contaminations environnementales sont possibles.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Addictovigilance, Toxico-épidémiologie, Nouveaux produits de synthèse (NPS), Smartphone
Plan
Vol 79 - N° 6
P. 762 - novembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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